pâmer (se)

pâmer (se)

⇒PÂMER, verbe intrans.; PÂMER (SE), verbe pronom.
I. A. —1. Vieilli. Tomber en syncope, perdre connaissance. Il n'en peut plus, il pâme (Ac.). Le sang part, ses yeux pâlissent, elle tombe, elle se pâme (FLAUB., Tentation, 1856, p.503). À l'occasion d'une colère, de pleurs, un enfant «se pâme» mais reprend vite son souffle (QUILLET Méd. 1965, p.479).
2. [Avec un sens amoindri]
a) [P. anal. avec le malaise qui précède l'évanouissement] Se trouver mal. Synon. s'évanouir, tomber en pâmoison (littér.). Pâmer de chaleur, sous le soleil. Lui qui venait de son haut plateau toujours éventé, de ses forêts incessantes, il pâmait dans cette insolation perpétuelle (LA VARENDE, Man' d'Arc, 1939, p.93).
P. hyperb. Pâmer de rire. Suffoquer de rire. Synon. mourir de rire. Il y avait des moments où un mot de lui vous faisait pâmer de rire (RENAN, Souv. enf., 1883, p.98).
Empl. pronom. Se pâmer à qqc. Les verres et les rires s'entre-choquaient. J'entendais mes camarades se pâmer aux histoires qu'avec une inaltérable bonne humeur ne cessait de leur raconter le nouveau venu (BENOIT, Atlant., 1919, p.59).
b) [Le suj. du verbe désigne la végétation, les fleurs, etc.] (Se) flétrir. La luzerne se pâme (LITTRÉ Suppl. 1877). Les anémones se pâment (FAURE, Hist. art, 1921, p.221). Je crois que la présence, en nombre, de l'être humain fatigue les plantes. Une exposition horticole pâme et meurt presque chaque soir, quand on lui a rendu trop d'hommages (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p.22).
Empl. pronom. La luzerne se pâme (LITTRÉ, Suppl. 1877). Les anémones se pâment (FAURE, Hist. art, 1921, p.221).
B.P. anal. [avec l'immobilité du corps dans la pâmoison] Éprouver, sous le choc d'une sensation ou d'une émotion, une frayeur ou un ravissement si intenses qu'ils portent au bord de la paralysie ou de l'évanouissement. Pâmer d'épouvante, de frayeur; pâmer d'amour, de bonheur, de désir, de plaisir, de volupté. Tous les bonheurs me viennent donc à la fois, dit Landry en se pâmant de joie dans ses bras (SAND, Pte Fad., 1849, p.322). Norine (...) se pâmait, la tête renversée, les yeux noyés, tandis que Beauchêne (...) lui écrasait les lèvres sous les siennes (ZOLA, Fécondité, 1899, p.23):
♦ Suzanne Derval, un soir qu'elle avait, par jeu, passé son sautoir au cou d'un angora, cria, pâma d'angoisse quand le chat s'enfuit sur les toits, tout enguirlandé de perles.
COLETTE, Pays connu, 1949, p.203.
C.Au fig. Manifester avec plus ou moins d'affectation une émotion vive, un sentiment exalté. Se pâmer d'admiration. Toute la critique s'est pâmée, s'affolant d'admiration, prodiguant le lyrisme (...) plaçant enfin Les Faux Bonshommes au niveau du répertoire de Molière (ZOLA, Nos aut. dram., 1881, p.278). Vous n'avez qu'à poser les mains sur le clavier et votre public se pâme, il roucoule, il soupire (DUHAMEL, Cécile, 1938, p.135).
Se pâmer à, devant qqn, qqc.; se pâmer sur qqn; se pâmer en + gérondif. Être affecté de, affecter la plus grande admiration pour quelqu'un, pour quelque chose. Il s'était pâmé devant un merveilleux astrolabe, en ivoire ciselé, dont l'allure cabalistique l'avait ravi (HUYSMANS, À rebours, 1884, p.228). Dans les salons de Paris vous vous pâmez sur Berlioz, Saint-Saëns et Debussy, et quand vous rentrez à Putonarey vous vous jouez du Théodore Botrel (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p.11). Dans l'assistance clairsemée, pas un visage connu. Où donc étaient les belles dames couvertes de vison, qui se pâmaient à Toscanini? (MAURIAC, Journal 2, 1937, p.123). Nos arrière-grands-parents se pâmaient en écoutant des opéras où leurs neveux n'ont plus trouvé qu'ennui (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p.113).
Qqc. à faire pâmer qqn. Quelque chose à transporter quelqu'un de ravissement. Un clair de lune à faire pâmer notre ami G. (BARBEY D'AUREV., Memor. 1, 1838, p.150). Il s'agit du secrétaire et de la commode faits à Florence pour Marie de Médicis (...) avec des incrustations de nacre, d'une richesse, d'un choix et d'un dessin à faire pâmer feu du Sommerard (BALZAC, Lettres Étr., t.2, 1843, p.247).
II.TECHNOL., empl. pronom. [En parlant de l'acier qui a été trop longtemps chauffé] Perdre sa trempe. (Ds LITTRÉ, DG, Lar., QUILLET 1965).
REM. 1. Pâmant, -ante, adj. a) [Correspond à pâmer I B] Qui est au bord de l'évanouissement. Les chevelures des amantes Sont de luxurieux drapeaux Toujours flottants, toujours dispos Pour célébrer les chairs pâmantes (ROLLINAT, Névroses, 1883, p.82). b) [Correspond à pâmer I C] Qui suscite l'admiration, le ravissement. Pitaluga (...) renouvelait son triomphe chaque dimanche à l'Élévation! À Notre-Dame-des-Victoires pour toutes ses admiratrices... On en parlait pendant douze mois (...) du «Minuit Chrétien» qu'il poussait à Saint-Eustache! (...) Chaque année encore plus pâmant, mieux filoché, plus surnaturel (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.341). 2. Pâme, subst. fém., vieilli, arch. ,,Pâmoison`` (Ac. Compl. 1842). Tomber dans les pâmes. S'évanouir. La locution populaire:tomber dans les pommes paraît une altération argotique de la vieille expression: tomber dans les pâmes, en pâmoison. Le mot pâmes ayant vieilli aurait été remplacé par un mot de consonance voisine qui n'a là à peu près aucun sens (DUPRÉ 1972).
Prononc. et Orth.:[], (il se) pâme []. Ac. 1694, 1718: pasmer; dep. 1740: pâ-. Étymol. et Hist.A. Intrans. 1. a) ca 1050 part. passé adj. pasmede «défaillante, évanouie» (Alexis, éd. Chr. Storey, 425); ca 1100 pasmer «défaillir, s'évanouir» (Roland, éd. J. Bédier, 1348); b) ca 1100 réfl. «id.» (Roland, 1988); 2. a) ca 1200 «perdre le contrôle de soi, être dans un état second sous l'effet d'une vive émotion» (Beuve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 4706 ds T.-L.); b) 2e moitié XIIIes. réfl. «id.» (JACQUES DE BAISIEUX, Le Vessie a prestre, Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, III, 106, vers 312, p.116); 3. 1681 blas. adj. (MENESTRIER, Abrégé méthodique des principes héraldiques, p.179: Pasme [se dit] du Dauphin sans langue, la hure ouverte); 4. 1857 réfl. «se dessécher sous l'effet de la chaleur (en parlant de fleurs)» (BAUDEL., Fl. du Mal, p.131). B. Trans. rare 1550 «faire se pâmer» (DES AUTELS, Repos, p.32 ds HUG.). D'un lat. spasmare, dér. du lat. spasmus (du gr. «spasme, convulsion») que l'on retrouve dans l'a. et m. fr. espame «évanouissement», l'ital. spasimo (DEI) et le cat. espasme (ALCOVER); spasmare s'est réduit à un type pasmare (cf. lat. pasmus, Ves. MARCELLUS EMPIRICUS, d'où cat., esp.et port. pasmo, v. M. NIEDERMANN ds Vox rom. t.5, 1940, p.183), soit par dissimilation (cf. REW3), soit sous l'infl. d'un croisement avec le gr. terme de méd. au sens de «palpitation, battement du pouls» (FEW t.12, p.139b). Fréq. abs. littér.: 243. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 278, b) 539; XXes.: a) 437, b) 241. Bbg. QUEM. DDL t.7, 10.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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